Revisons nos bases !

Pour une fois, j’en viens sans mystère sur le sujet du post : une présentation du style d’écriture que l’on considère communément comme la base de la calligraphie, le kaisho (楷書). Vous connaissez ?

今度は、紛(まぎ)れも無く書道の本題のお話をしましょう。書道の基本となる文字のスタイルです。それは楷書(かいしょ)といいます。

C’est le style où tous les traits du caractère sont écrits proprement et distinctement, dans un ordre défini et avec un rythme dans le maniement du pinceau. Comme la valse, en trois mouvements !

楷書の文字は、決まった手順とスタイルで書かれるためきれいで読みやすい文字になっています。筆で書くときは、ちょうどワルツを踊るときの三拍子のようにリズミカルに筆を運び、楷書の厳密なスタイルを描きます。その書き方は、

  1. On appelle le premier mouvement Kihitsu (起筆), littéralement le réveil du pinceau et en onomatopée japonaise, on l’exprime par le petit son « Tônn ».  Attention, pas un gros « Tônn » assourdissant mais un petit « Tônn » léger pour évoquer le délicat posé du pinceau sur la feuille bien comme il faut.

一文字の書き出しを起筆(きひつ)といいます。一文字を書くときに筆が最初に紙に触れる音を声でイメージして、小声で「トン」といいます。決して耳障り(みみざわり)な「トン!」ではありません。白い紙の上にやさしく静かにゆっくりと筆を置く繊細な感性を音色(ねいろ)にした「トン」です。気をつけてください。

2.  Ensuite, on amorce la phase suivante, la phase dite Sohitsu (送筆) littéralement l’envoi du pinceau, un peu comme au curling quand on fait glisser le palet jusqu’à la cible mais pour la calligraphie, ce sera sans l’aide des balayeurs.  Le son désignant le mouvement est un « Souuuuu » tout en longueur  et c’est une phase que l’on doit exécuter sans réfléchir et en se concentrant uniquement sur l’endroit où l’on va emmener le pinceau.

それから、起筆の次は送筆です。送筆は、起筆から続く線を描きます。このときの筆のはこびを送筆といいます。それはちょうどバレイユール(スウィーパー)のいないカーリングですね。パレ(パック、ストーン)をショットするのが起筆。的に向かうパレの動きが送筆ですね。送筆の一本の線に沿った筆の流れをイメージした音色は「すーーーう」ですね。それは、自分のイメージした線に沿って、一心に筆を走らせる無心の境地を表しています。

3.  Enfin arrive le dénouement, la phase Shuhitsu (終筆), le pinceau de la fin.  Après le petit coup de frein, on retire le pinceau pour se diriger vers le trait suivant.  Pour ce moment là aussi, on utilisera le même son qu’au début un léger petit « Tônn ».

さて、筆が紙を離れるとき、ひとつの形ができあがります。それが終筆です。筆の終点ですね。筆で一瞬紙を押さえ、終筆の形を整えます。そして、次の辺の書き出しに移ります。 蛇だったら尾から書き始めて頭の位置ですね。先ほどの起筆と同じ、優しくなめらかに「とん」という小さな音色で終筆としましょう。

kaisho

Le Kaisho, c’est donc une série de « Tônn – Souuuuu – Tônn » « Tônn – Souuuuu – Tônn » « Tônn – Souuuuu – Tônn » jusqu’à épuisement des traits… Notez que vous pouvez également écrire en gardant le silence, c’est même conseillé surtout si vous n’êtes pas seul et que la personne à côté de vous dans la salle a les nerfs fragiles.

L’exercice de base d’un calligraphe japonais consiste à copier des feuilles et des feuilles de Kaisho car quand on maîtrise les traits fondamentaux du Kaisho, on maîtrise tous les styles d’écriture (parait-il). Et puis si on maîtrise la composition spatiale du caratère en Kaisho, on maîtrise la la composition spatiale dans tous les styles d’écriture (parait-il). 

On pourrait donc se dire qu’à la longue, le Kaisho devient sacrément rébarbatif et… ça peut être vrai effectivement. Il y a tout un tas de style de Kaisho qui portent une caractéristique donnée par la personne qui l’a écrit et donc dans le tas…

froid1Par exemple, il y a des styles modernes où on trouve ce genre de design pour le caractère froid「 寒」et on est pas plus heureux que ça de le copier. Il n’y a beaucoup de subtilité dans les traits, c’est bien trop tout droit ! Le maniement du pinceau n’est pas d’une grande finesse et avec un pinceau avec des poils rigides tout en tenant l’axe du manche droit, on arrive à reproduire ce type de traits assez facilement. Par ailleurs, la composition du caractère est construite sur les standards modernes de l’imprimerie : un caractère bien formaté inscrit dans une petite case carrée bien formatée… Ca va pas très loin tout ça !

Heureusement, on peut finir par étudier sérieusement la calligraphie et on apprend que ce n’est pas ça le standard du style Kaisho. Ouf ! Si on ressort les classiques et les anciens écrits chinois, on trouve ce genre de caractères et on est sacrément heureux de les copier.

Les écrits du calligraphe chinois Chosuiryou (598-658) gravés sur la pierre.
Les écrits du calligraphe chinois Chosuiryou (598-658) gravés sur la pierre.

Pour ceux-là, Il faut mieux un pinceau avec des poils souples, bien plus difficile à manier mais qui fait sortir de la subtilité dans le tracé. Et puis, il y a pas à dire, quand on n’oblige pas les caractères chinois à rentrer dans des petits cases, ils sont sacrément élégants !

froid2
Un kanji froid très chaleureux à copier !

Kakizome 2013 / 書初め・巳年

S’il reste encore des lecteurs, avant tout, je tiens à leur souhaiter une bonne année : « Bonne Annéeeeeeeeeeeeeeeeee ! » et aussi à les rassurer : je suis toujours vivante et plutôt en bonne santé.

Pour commencer cette nouvelle année du serpent déjà bien entamée, je me dois de dresser la liste des bonnes résolutions « que je ne tiendrais probablement pas au delà du 31 Janvier mais ce serait dommage de pas essayer, on sait jamais ». Je vous prends donc à témoin et vous autorise à me reprocher dans peu de temps de n’avoir aucune suite dans les idées…

  1. S’entraîner au pinceau tous les jours quelques soient les conditions climatiques du jour, les envies intempestives de ne rien faire du tout ou les moments de moral en berne.
  2. S’assurer d’avoir le bon sens d’écriture et de connaître la signification de chaque caractère lors des exercices de recopie des anciens textes chinois même si ça fait très « première de la classe » et quelques soient les conditions climatiques du jour, les envies intempestives de ne rien faire du tout ou les moments de moral en berne.
  3. Arrêter de préparer l’encre tout en regardant des séries TV américaines et passer la séance d’entraînement scotchée sur la deuxième saison de Fringe… ou sur la quatrième de Castle… ou sur l’intégrale de Monk !
  4. Ne pas oublier de prendre son appareil photo quand on organise un atelier spécial pour le début de l’année et qu’il y a justement plein de gens et une super ambiance et que ça aurait pu faire un super premier article sur le blog.
  5. Ecrire régulièrement sur le blog, quelques soient les conditions climatiques du jour, les envies intempestives de ne rien faire du tout ou les moments de moral en berne. Sur ce coup là, notez, je sens bien que je donne le bâton pour bientôt me faire battre !!!

Et la liste est en réalité bien plus longue que ça mais ça n’a pas plus d’intérêt et ce, quelques soient les conditions climatiques du jour, les envies intempestives de ne rien faire du tout ou les moments de moral en berne.

Bref, venons-en plutôt à ma première revendication de l’année.

Pour préparer le kakizome (première calligraphie) 2013, en cette année du serpent (caractère chinois 巳 dont je connais la signification et le sens d’écriture…), j’ai commencé par lire le chapitre à propos du tracé « en forme de queue de dragon » et j’ai recherché les expressions ou les proverbes japonais liés au serpent et là… j’ai bien vite abandonné ! Car si on trouve une ou deux expressions liées à l’animal :

Bonne-année_2013_2「竜頭蛇尾」… une tête de dragon, une queue de serpent… une expression pour qualifier un projet qui part en vrille alors que tout avait si bien commencé !

「蛇の道は蛇」… le chemin du serpent est emprunté par tous les serpents… une version japonaise de « combattre le mal par le mal ».

… les expressions sur le serpent ont toutes un sens exécrable ! Il y a donc quelque chose qui dépasse les continents, les races et les religions : le serpent souffre d’une piètre image auprès de l’espèce humaine dans son ensemble.

Si on y réfléchit un peu… Quand bien même le serpent aurait été à l’origine du premier péché humain, on continuerait à lui en vouloir pour une affaire qui date de la nuit des temps ??? Et puis… Je sais pas pour vous, mais moi, je soupçonne fortement que la réputation du jardin d’Eden soit très surfaite en réalité !

Est-ce bien raisonnable tout ça ? Ne serait-il pas temps de pardonner à cette pauvre bête ? Et si nous profitions de cette belle année 2013 qu’elle nous offre pour lui rendre hommage plutôt ?