Premier rêve !

De retour après 6 mois de blogesque absence… comme si j’avais rien fait pendant toute cette période mais pas du tout !!! J’ai beaucoup bossé et des calligraphies… j’en ai écrit plein !!!

Alors qu’est-ce qui me retient de vous les montrer ???

Mais non, ce n’est pas mon chien qui les a mangées !

Une des premières réactions d’un individu plutôt normal quand il regarde une calligraphie est de se demander ce qu’il y a d’écrit, n’est-ce pas ? Par souci de rendre accessible mes calligraphies à mes concitoyens qui a priori ne parlent pas japonais, je me suis dit qu’il serait judicieux d’ajouter une petite traduction pour faire passer le message. Or, oui et bien donc voilà : la traduction, c’est vraiment mission impossible.

Pourquoi ?

A cause du japonais !

Et pas à cause de mon niveau de japonais (ne soyez pas vexant, merci).

Si vous prenez le cas du Haiku par exemple, cette poésie qui dépeint une scène en trois vers délicats… composés respectivement de 5-7-5 syllabes ! Impossible d’être aussi concis avec la langue française ; si, au bout du deuxième mot, vous n’avez pas encore dépassé les syllabes allouées pour le premier vers du Haiku, c’est déjà un exploit en soi !

Le Haiku a été crée pour la langue japonaise et la structure 5-7-5 en reflète les caractéristiques. Par rapport au français, le japonais est un langage concis et très vague; il est possible de s’exprimer en japonais en omettant tout un tas d’informations qui seraient pourtant jugées cruciales par les règles de grammaire française… Par exemple, ne pas spécifier le sujet du verbe est très commun dans une phrase japonaise. Par ailleurs, il y a aussi une foule d’expressions ou formules japonaises « toutes faites », qui, en un ou deux mots révèlent tout un pan de la culture japonaise et traduisent bien plus que leur sens premier ! Comme les Haiku en regorgent, il faut donc avoir une très bonne culture générale pour apprécier cette forme de poésie.

Car on fait pas de la poésie bon-marché dans ce blog, qu’on se le dise !

Mais pour résumer, si le Haiku n‘est pas à la portée de n’importe quel japonais, en ce qui concerne les français… 

Prenons un cas concret, par exemple, ce Haiku :

初夢  Hatsu yume  => traduction littérale : premier rêve

話している間に Hanashiteiru aida ni => traduction littérale : pendant raconter

われけり  wasurekeri => traduction littérale : oublier

Vous avez compris ?

On se réveille avec dans la tête un rêve qu’on vient de faire mais alors qu’on s’apprête à vouloir le raconter… on l’a oublié. Notez bien que j’utilise « on » car savoir qui a fait, raconté ou oublier n’est pas le sujet du haiku. L’acteur principal du haiku, c’est ce premier rêve qui se fait, qui se raconte et qui s’oublie.

Pourquoi donc le premier rêve ? En réalité, Hatsu-yume est le premier rêve de l’année, celui que l’on fait dans la nuit du 2 janvier. Une logique un peu impénétrable – qu’en est-il du rêve du 1er janvier au soir ??? – quoiqu’il en soit, dans la tradition japonaise, si le rêve du 2 Janvier est un bon rêve alors la chance sera au rendez-vous pour le reste de l’année.

Pour en revenir au sens du Haiku, cela précise un certain nombre de choses.

Déjà concernant le contexte ; la scène dépeinte n’a pas lieu à n’importe quel moment mais à une période de l’année bien précise. C’est une des caractéristiques premières du Haiku, c’est un poème de saison et il y aura toujours un ou plusieurs mots qui permettront de le situer temporellement. 

Ensuite, s’il n’y a rien d’exceptionnel en soi d’oublier un rêve… Toutefois, on peut imaginer la frustration engendrée lorsqu’il s’agit de ce premier rêve là.   

Alors, hein, expliquez-moi un peu comment je serais susceptible de traduire tout ça pour que vous ne soyez pas frustré en voyant la calligraphie de ne pas pouvoir lire le sens et comprendre la signification.

Premier rêve
Premier rêve

 Vous restez frustrés même avec ces explications ???

Non vraiment, le coup du chien comme excuse m’aurait bien plus arrangé, en fait.