Vive le printemps !

Un village plein d'enfants !
雪とけて 村いっぱいの 子どもかな / Yuki tokete – Mura ippai no – Kodomo kana

Nous n’y sommes pas tout à fait mais déjà ces derniers jours ont une forte odeur de printemps. Les températures se font plus douces et on envisage mieux de sortir de chez soi ! Les jours de pluie en continu commencent à réapparaître… Attention toutefois, pas de ressentiment inutile contre la pluie : c’est pour la bonne cause (les fleurs de cerisiers) !

Pour ce nouveau passage de saison, je suis très très heureuse de vous présenter le haiku que je viens d’écrire. Pourquoi ? Parce que j’ai choisi un poème de Kobayashi Issa  (小林 一茶 1763-1828) un très grand poète japonais que j’apprécie et que j’admire particulièrement, cela me fait donc particulièrement plaisir de vous parler de lui.

Pourquoi je l’aime et je l’admire tant, me demanderez-vous ? Ne vous inquiétez pas, j’y venais de suite que vous vous posiez ou non la question ! Issa était un fils de paysan, il a longtemps vécu dans un village de l’actuel département de Nagano ; son quotidien en général – et en particulier là-bas où les mètres de neige s’amoncellent l’hiver – n’était probablement pas des plus faciles. A cela s’est rajouté une série sans fin d’évènements dramatiques dans sa vie personnelle ! Cela commence par sa mère qui meurt alors qu’il est encore jeune enfant et puis par la nouvelle épouse de son père qui lui fut très hostile, notamment à cause des problèmes posés par l’héritage paternel qu’elle souhaitait voir entièrement destiné à ses propres rejetons (tant qu’à faire). Issa fut donc dans le sens le plus objectif du terme : un pauvre orphelin ! Ensuite, il s’est marié et a eu quatre enfants … qui sont tous morts en bas âge ; son épouse aussi a fini par mourir avant l’âge. Il s’est marié une seconde fois mais sans gloire (il divorce après trois mois) mais la troisième tentative semble la bonne et… Effectivement, sa troisième épouse lui a donné une petite fille qui a vécu jusqu’à un âge adulte avancé ! Ce fût pourtant sans qu’Issa puisse en témoigner car il mourra juste avant la naissance de l’enfant.

Alors je vous le demande : combien d’entre-nous, après avoir vécu le quart du tiers de ça, auraient fini dans l’aigreur  ou la méchanceté, dans les larmes ou l’apitoiement permanent sur son triste sort ? Et pourtant et malgré tout cela, je ne crois pas que ce fût le cas d’Issa ! Quand on lit ses poèmes, on se dit qu’il n’y a pas eu plus yasashii que lui.

En japonais, yasashii écrit comme ça « 易しい » veut dire simple, aisé, facile.

Sinon, le yasashii écrit comme ça « 優しい » veut dire gentil, doux, tendre. 

Les deux sens s’appliquent dans les poèmes d’Issa et dans celui-là en particulier, regardez :

雪をとけて / Yuki tokete …………… Avec la neige qui fond,

/村いっぱいの / Mura ippai no …………… Le village va sûrement se remplir

子どもかな / Kodomokana …………… (de cris ? d’éclats de rire ?) d’enfants !